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About Me.

Muriel Jolivet(ジョリヴェ.ミュリエル)

パリ第三大学日本語学修士

1981年東洋学博士号取得

(docteur en Études Orientales)

早稲田大学、東京大学文学部や教育学部留学の際社会学を学ぶ。

【東京日仏学院、成城大学文学部、共立女子大学文学部、千葉大学文学部】

1983年上智大学外国語学部フランス語学科専任講師,

2017年上智大学名誉教授

研究分野:社会学 (女性学、男性学、移民問題:日仏比較)、

日本にいるシャーマン(ユタ、イタコ、等)

勲章2003年11月14日:フランス政府から国家功労勲章シュヴァリエ

Chevalier de l’Ordre National du Mériteを受章。

Muriel Jolivet is Doctor of Oriental Studies and Professor Emeritus at Sophia University where she has taught 44 years. She is the author of numerous books on Japanese society (Japan: The Childless Society? The crisis of motherhood, Homo japonicus, Japon: le crise des modèles, Tokyo memories, Tokyo instantanés, Confidences du Japon, etc.), some of which have also been translated into Japanese. Her work focuses on a comparison of different societal trends observed in Japan and in the West. Her research focuses on the position of women in the Japanese society, and more recently on women shaman in Japan. She was made knight of the National Order of Merit in 2004.

Biographie de l'auteur

Japanologue, formée à la sociologie dans des universités japonaises Waseda puis l'université de Tokyo, Muriel Jolivet est docteure en Etudes Orientales, professeure titulaire pendant 34 ans à l'université Sophia à Tokyo et professeure émérite depuis 2017. Elle vit à Tokyo depuis 1973, et est l'auteure d'une dizaine de livres sur la société japonaise, les principaux étant : Un pays en mal d'enfants (La Découverte), Homo japonicus (Picquier), Japon : la crise des modèles (Picquier), Tokyo instantanés (Elytis), Confidences du Japon (Elytis), Chroniques d'un Japon ordinaire (Elytis). Certains ont été traduits en japonais. Muriel Jolivet a écrit de nombreux articles et est souvent interviewée par des journalistes français et japonais. Elle a été décorée Chevalier de l'ordre du Mérite en 2004. Ses cours et ses conférences (en français, en japonais ou en anglais) portent sur des thèmes comparatifs relatifs â la société japonaise et française.

Main publications

​1985

Economica

1993

1997

1997

La Découverte

 Japan :

The Childless Society?   Routledge

子供不足に悩む国、ニッポン

Daiwa Shobô

Picquier 2000 (poche 2002)

Chikuma Shobô, 2002             筑摩書房、2002

Picquier 2010

Antipodes 2007

Fait-il bon vivre en France ? 

Shûeisha Shinsho (poche) 2003

集英社新書   [5 tirages]

Etat des lieux de

la famille française

 Heibonsha Shinsho (poche), 2001

平凡社新書、2001   

Un voyage extraordinaire et inédit à la rencontre des femmes guérisseuses et chamanes du Japon

"Au Japon, on ne se pose pas la question de savoir si les fantômes existent... on vit et on danse avec !",

La médecine occidentale atteignant ses limites pour répondre à la souffrance des âmes, beaucoup de Japonais viennent consulter des chamanes, qui se dissimulent derrière le label " voyantes " dans les grandes villes.

 

Qui sont ces femmes rencontrées du nord au sud du Japon ?

Nombreuses sont celles qui ont confié à l'auteure qu'elles avaient mis un certain temps à comprendre que tous ne voyaient pas ce qu'elles voyaient, ou à accepter un rôle dont elles se seraient bien passé...

Les itako ou chamanes aveugles du Tôhoku renvoient à une longue tradition qui est en train de s'éteindre avec elles, et si l'auteure a voulu retrouver leurs traces, c'est pour recueillir ce qu'il reste d'une coutume qui consiste à canaliser les morts. Très attachantes, ces femmes qui ont traversé de rudes épreuves, lui ont fait découvrir un univers insoupçonné, fait d'âmes décorporées à réincorporer, d'endroits maudits à dégager, de voyages astraux ou d'exorcismes...

À Okinawa, psychiatres et chamanes s'envoient mutuellement leurs " clients ", quand ils jugent qu'ils relèvent plus de leurs soins que des leurs.

 

L'auteure termine ce périple en multipliant les parallèles avec l'Occident où il est de plus en plus question de passeurs d'âme, de canalisations, de magnétiseurs, de NDE, de manifestations ou de contacts avec les défunts, de lieux hantés ou d'exorcismes, et montre in fine combien nous sommes démunis face à l'invisible...

LACROIX 新聞の本の紹介
6/01/2022

Les Dernières Chamanes du Japon

de Muriel Jolivet

La japonologue Muriel Jolivet, docteure en études orientales, partage avec le lecteur les liens uniques qu’elle a tissés avec les dernières chamanes japonaises dans son étude émouvante. Son livre est tout simplement magique. Non seulement par le sujet abordé, les chamanes du Japon, mais aussi par la façon exceptionnelle et unique dont il est traité : le témoignage.

 

Il fallait la sensibilité et la délicatesse de Muriel Jolivet, sociologue française vivant depuis des dizaines d’années au Japon, pour mener à bien un si mystérieux projet. Pour une Occidentale, effleurer le monde des esprits au Japon demande de la patience, de la persévérance et beaucoup de respect. On n’approche pas aisément les chamanes japonaises, surtout lorsqu’il s’agit des dernières encore en vie.

 

Le Japon, « le pays le plus hanté du monde »

« Plusieurs d’entre elles sont devenues de très bonnes amies », confie-t-elle dans son livre, en parlant des itako du Tohoku, de la dernière aïnou de Hokkaïdo, ou des noro d’Okinawa. « Des femmes courageuses (…) qui ont connu comme nous tous divorces, drames, deuils et maladies… »

Souvent assimilées à des « dieux » (kamis) supérieurs aux pouvoirs immenses, ces chamanes se révèlent d’une profonde simplicité, entrant en relation avec les défunts avec une facilité confondante, soulageant les peines intérieures, guidant les âmes en peine vers le ciel ou apaisant des spectres mononoke…

 

Aussi surprenant que cela puisse paraître, on parle bien du Japon, « le pays le plus hanté du monde », où cohabitent esprits, fantômes, revenants… que l’on retrouve dans les dessins animés de Miyazaki. Poupées, arbres, statues, sabres, pierres… ont pour les Japonais une âme, jusqu’aux robots, pour qui on organise des cérémonies funéraires. Il s’agit bien d’une « rencontre avec l’invisible au pays du Soleil levant » à laquelle nous invite Muriel Jolivet.

Le Monde des religions の紹介記事
 

LE MONDE DES RELIGIONS

JAPON

Au Japon, « les dernières chamanes vendent de l’espoir, mais elles en redonnent aussi aux plus désespérés »

Par Philippe Pons (Tokyo, correspondant)

Publié le 13 mars 2022 à 08h00

La modernisation n’a en rien entamé au Japon une foule de petites croyances et de rites dont la communication avec les défunts. Cette pratique a été ravivée à la suite des disparitions de 2 500 personnes, dont les corps n’ont jamais été retrouvés, sur les 19 650 victimes du tsunami du 11 mars 2011, afin de retisser les liens outre-tombe avec ses « morts sans lien » qui peuvent devenir des fantômes. La sociologue Muriel Jolivet qui vit au Japon depuis de longues années, auteure d’une dizaine d’ouvrages sur la société nippone est allée à la rencontre de ces chamanes qui ont la capacité de faire descendre sur elles l’esprit des morts, de les faire parler par leur bouche et auxquelles parfois des médecins ont recours pour affiner leur diagnostic. Un volumineux et passionnant reportage reposant sur une impressionnante documentation japonaise, ponctué de portraits de chamanes, de descriptions de lieux et de rencontres

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1/Vous avez travaillé une dizaine d’années à cette enquête, qu’est-ce qui vous a poussée à vous intéresser au monde des chamanes ?

R. En plus de quarante ans d’enquêtes sociologiques sur le Japon, je suis souvent tombée sur des récits de revenants, de communication avec les morts, de visites chez des chamanes qui me semblaient anecdotiques. Peu à peu, j’ai pris conscience de l’importance et de la fréquence de ces rituels dans la société japonaise. Les chamanes renvoient à une spiritualité complexe dans laquelle se mêlent shintoïsme (polythéisme animiste), bouddhisme ésotérique et folklore local.

2/Il existe des chamanes du nord au sud de l’archipel, comment avez-vous choisi les lieux de vos enquêtes ?

Le Tôhoku et Okinawa sont des lieux prédisposés. Les itako du Tôhoku ont une longue tradition, car c’était un des rares débouchés qui s’offrait aux malvoyantes, souvent victimes d’une rougeole. Les autres options étaient de devenir masseuse ou goze, chanteuses itinérantes qui s’accompagnaient au shamisen et se déplaçaient à cinq ou six, au rythme d’une vingtaine de kilomètres parcourus à pied chaque jour. La moins malvoyante servait de guide aux autres qui suivaient une main sur l’épaule de celle qui la précédait.

Les itako relevaient d’une longue tradition. Elles étaient placées très jeunes en apprentissage auprès d’une aînée, à qui elles servaient de bonne à tout faire. L’instruction se faisait oralement au contact de son initiatrice ou shisho, avec qui elles vivaient en osmose. La formation n’était pas simple, car il leur fallait mémoriser toutes les invocations en fonction des rituels. Quand le shisho jugeait l’apprentie apte à être initiée, commençait pour celle-ci une ascèse s’étendant sur plusieurs jours qui consistait à jeûner et à se verser des seaux d’eau glacée sur le corps à intervals réguliers, en se prosternant et en récitant des sutras. Elle  finissait par s’effondrer en révélant le nom de son dieu tutélaire, sous la protection duquel elle se plaçait. Elle recevait alors les objets rituels, dont le cylindre dans lequel se trouvait son certificat d’accomplissement (o-daiji), ainsi que son chapelet en noix de lavage, auquel sont accrochés dents, os, défenses, coquillages et pièces de monnaie, destinés à exorciser. Une fois indépendante, elle devenait rivale de son instructrice et devait se constituer une clientèle.

A Okinawa, la tradition est aussi très ancienne. Comme dans le Tôhoku, les chamanes sont en majorité des femmes. Les noro avaient pour fonction de protéger la région, tandis que les kaminchû –ou kamisama (dieu)–  avaient pour mission de protéger les hommes qui partaient à la pêche, tout en rendant aux ancêtres le culte qui leur était dû. Populaires et encore nombreuses, les yuta se présentent plus comme des conseillères qui s’appuient sur la voyance.

Il y avait enfin des chamanes en Hokkaidô. J’ai ainsi rencontré la toute dernière chamane aïnoue , Rera Ashiri, une femme incroyable qui a adopté pas moins de dix enfants et qui a passé sa vie à lutter pour la restitution ou la protection des lieux de culte sacrés de ses ancêtres. Elle est sans doute aussi la dernière qui parle encore couramment une langue qui se meurt à petit feu...

 

3/ Comment expliquez-vous que les chamanes et les croyances dans la communication avec l’au-delà, soient encore aussi présentes dans le Japon moderne ?

La science est loin de répondre à toutes nos interrogations, et je pense qu’elles représentent un lien important avec l’au-delà, pour des gens qui paradoxalement se désintéressent de la religion. Elles ont pour fonction de rassurer après la mort d’un être aimé. Ceux-là même qui affirment ne croire en rien parlent souvent aux morts devant le butsudan (autel des ancêtres) pour leur raconter les épreuves de la journée, ou les tenir au courant des changements intervenus dans la famille (mariages, déplacements, naissances). Ce dialogue, rend les morts plus présents que les nôtres, mais ils peuvent aussi devenir vindicatifs s’ils sont négligés, d’où l’importance accordée aux rituels bouddhistes (prières ponctuelles au terme d’un nombre de jours après un décès, ou au moment de la fête des morts (o-bon).

Quand je téléphonais à une itako, la première question qu’elle me posait était : « kushiyose desu ka » (voulez-vous contacter un mort ? ). Cela montre la banalité de la chose. Il suffit de se rendre au Mont Osore, au nord est d’Aomori, au moment du « festival », pour se rendre compte que le désir de dialoguer avec les morts ne faiblit pas. La première fois que je m’y suis rendue en 1999, il y avait encore une bonne dizaine d’itako pour répondre à la demande. Il suffisait d’attendre une heure pour passer. Aujourd’hui, comme elles ne sont plus que deux, la queue commence bien avant le lever du jour, plusieurs heures avant qu’elles n’arrivent.

4/ Par quelle voie devient-on chamane ?

Pour les itako, est posée la délicate question de savoir si elles le devenaient, faute de débouchés, ou parce qu’elles avaient vraiment la faculté de dialoguer avec les défunts... La plupart des chamanes (au sens large) que j’ai rencontrées à Tokyo ont mis un certain temps à réaliser que tous ne voyaient pas ce qu’elles voyaient et beaucoup ressentent par transfert le mal dont souffre la cliente.

À Okinawa, les yuta parlent de kamidâri, soit d’une révélation divine qui vous désigne. Il s’agit d’un « ordre » non négociable, car un appel qui n’est pas honoré vous laisse dans un état de prostration. Sadae Sakae, chamane sur l’île d’Amami, se plaint d’être au service des dieux vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au point que sa vie ne lui appartient plus et qu’elle ne veut à aucun prix que ses enfants lui succèdent.

5/Vous faites le portrait de plusieurs de chamanes. Comment les avez-vous abordées ?

J’ai toujours dit que je souhaitais me mettre à leur écoute. Elles acceptaient de me parler parce qu’elles avaient, « senti » ma bonne foi. D’autres m’ont dit qu’elles n’en avaient plus pour longtemps et qu’elles seraient heureuses de laisser un témoignage...  Avant que je puisse les interroger, elles commençaient néanmoins par me demander ma date de naissance et par me décrire ma personnalité ou mon état de santé, me mettant en garde contre des maux que je ne soupçonnais pas mais qui sont apparus peu après...

 

6/Comment se passe une rencontre avec une chamane ?

Les yuta d’Okinawa comme les itako du Tôhoku officient toujours chez elles devant un autel où figure leur dieu tutélaire. La première épreuve consiste à trouver leur domicile, ce qui n’est pas une mince affaire. Les itako vous demandent votre nom et celui de la personne que vous souhaitez contacter. La séance avec Take Nakamura, la toute dernière itako authentique de 88 ans, s’est déroulée de la manière suivante. Une fois les renseignements obtenus, elle s’est aussitôt tournée vers son autel et a commencé à agiter son gros chapelet en noix de lavage en psalmodiant des incantations au terme desquelles elle a invité le défunt à « descendre » pour s’exprimer par sa bouche. « Orite kudasai» (descendez !), répétait-elle. Brusquement, sa voix s’est complètement transformée, devenant celle d’une âme en peine, d’une tristesse effrayante. Je dois dire que je grelottais de froid en écoutant cette âme raconter les circonstances de son suicide, mais l’amie chamane qui m’accompagnait a « vu » le défunt qu’elle avait appelé dans la pièce, ce qui m’a heureusement été épargné !

7/ L’état de transe joue-t-il un rôle ?

Je n’ai rencontré qu’une chamane –en plein Tokyo– qui « basculait » instantanément en transe, dans des contorsions et des grimaces atroces. Elle épurait des lieux chargés, mais a disparu du jour au lendemain, sans laisser de trace. Dans le cas de Take Nakamura, je parlerais d’une forme de transe, car comment soupçonner une femme de cet âge de jouer la comédie, en prenant brusquement une voix d’homme caverneuse. Elle m’a expliqué qu’elle ne gardait d’ailleurs aucun souvenir de ce qu’elle avait bien pu dire, après que le défunt invoqué soit descendu le long de sa colonne vertébrale, ce dont elle avait conscience, avant de le laisser s’exprimer par sa bouche. Une séance dure entre 20 et 25 minutes, et se termine par le défunt qui remercie d’avoir été appelé, après quoi le gros chapelet est énergiquement agité et les psalmodies rituelles le renvoient là où il doit aller...

8/ Quelle impression vous ont laissé ces femmes?

Une impression extraordinaire. Extrêmement attachantes, toutes sont d’une grande générosité, n’hésitant pas à poursuivre la consultation jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Ces femmes n’ont pourtant pas été épargnées par la vie. Sadae Sakae dit qu’elle a failli mourir de chagrin après avoir perdu son fils de 17 ans dans un accident de la route. Elles ont aussi souvent une grande famille à charge qui dépend d’elles pour sa survie. Beaucoup ont divorcé –parfois plusieurs fois– et élèvent seules leurs enfants. Je les ai toutes trouvées plus attachantes les unes que les autres... Elles oubliaient souvent mes origines et me parlaient comme à une vieille amie. Un  souvenir touchant me revient à l’esprit, quand après son kuchiyose Take Nakamura a pris mes mains dans les siennes en me disant « elles sont si froides, donnez, je vais vous les réchauffer... elles sont aussi si maigres, combien pesez-vous ? »

 

9/ On dit que les médecins soignent les corps et les chamanes guérissent les blessures de l’âme. Que viennent chercher ceux et celles qui consultent des chamanes ?

Les gens viennent chercher une réponse à leurs souffrances. D’autres clients viennent indirectement se recharger à leur ki, qu’on pourrait rendre par énergie ou souffle vital. Le fait est qu’on ressort de chez elles rechargé comme si on avait été branché sur une centrale. Elles vendent de l’espoir, mais elles en redonnent aussi aux plus désespérés. Leur dévouement est sans pareil. Sadae Sakae, qui reçoit plus de trente appels par jour en provenance de tout le pays, m’a dit qu’il arrivait qu’on l’appelle pour lui annoncer son suicide. Elle dit alors à la personne de lui promettre de l’attendre et se précipite à son secours... C’est ainsi qu’il arrive que son mari et ses enfants ne savent pas où elle est partie, ni quand elle rentrera...

10/  Quel sont les grands traits du chamanisme okinawaïen ?

A Okinawa, on parle beaucoup de décorporation et de réincorporation de l’âme. La « sortie » de l’âme (mabui otoshita), peut arriver lors d’un grand choc ou d’un accident, qui laisse la victime prostrée. Celle-ci doit être ramenée sur le lieu où son âme l’attend pour être réincorporée par une yuta.

11/Vous racontez qu’à Okinawa les yuta tendent parfois à se muer en psy. Des médecins qui se demandent si leurs patientes relèvent de la psychiatrie ou de la possession font parfois appel à leur pouvoir.

Je pense que toutes, absolument toutes se muent en psy, y compris celles qui officient sous le couvert de tarotto uranai (tireuses de cartes). Ce sont des thérapeutes autodidactes mais qui font preuve d’un bon sens indiscutable. En les écoutant, j’avais parfois l’impression d’entendre les célèbres psychiatres Satoru Saitô ou Rika Kayama.

La confidence de l’une d’entre elle qui passait ses nuits à dire aux psychiatres si leurs patients relevaient de la possession ou de la psychiatrie, fut un autre facteur déclencheur de ce livre. Que la science dite « exacte » fasse appel à ces femmes m’avait semblé si ahurissant que j’avais abordé cette question dans un livre précédent . J’ai découvert aussi que la police faisait appel à elles pour leurs enquêtes, et qu’elles avaient parfois aussi pour clients des personnes « très importantes » dont bien évidemment elles ne pouvaient me révéler l’identité.

12/Vous intitulez votre livre « les dernières chamanes ». Sans doute, les pratiques évoluent-elles mais pensez-vous que la demande pour ce dialogue avec les morts diminue ou bien qu’elle persiste et prend d’autres formes ?

Bien que les yuta comme les itako soient en bas de l’échelle sociale du fait de leur rapport à la mort, la demande pour entrer en contacter avec les défunts ne diminue pas, notamment à la suite de catastrophes naturelles qui balayent d’un coup tant de vies humaines : à la suite du désastre sismique du 11 mars, les survivants se sont précipités chez les chamanes pour communiquer avec les disparus. Tous ces corps qui n’ont pas été retrouvés rendaient le deuil encore plus dramatique. Le dialogue avec les défunts n’en finit pas de hanter les vivants.

Propos recueillis par Philippe Pons

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